mardi 1 novembre 2016

LUDRÉ de Dominique Picard

Ludré: lieu-dit de la presqu'île de Rhuys, sert de prétexte à ces proses qui penchent du côté de la poésie. On y devine quelque chose de japonais. D'ailleurs l'auteure parle d'un paysage comme d'une estampe japonaise. Beaucoup de discrétion dans cette écriture en même temps qu'une attention soutenue aux couleurs, aux détails. Un paysage nous laisse entendre Dominique Picard ne s'offre qu'au travers de choses menues que d'habitude nous ne voyons pas, que nous négligeons dans l'ordinaire des jours. Mais les mots s'en saisissent, redonnent au paysage une intensité d'être. Il se déplie dans l'instant du poème qui est aussi bien cet instant où reprenant terre nous voyons s'ouvrir le monde dans un élan d'empathie. On sent dans ces textes une certaine sérénité, une vie tranquille, un assentiment à ce qui est, qui nous entoure. L'écriture, ici, apparaît comme l'unique moyen de le gagner d'où probablement une mélancolie. Certes non pas paralysante mais fonctionnant plutôt comme opérateur de l'écriture celle-ci s'écoulant alors sans tension dans la coexistence d'une présence évidente ou de la conquête du simple ( si difficile par ailleurs ) et d'une absence. La contradiction n'est qu'apparente et l'auteure le sait bien qui évoque la figure de Virginia Woolf.
Ce livre nous entretient de ces événements les plus infimes. A des années-lumière des postures de l'égo, il tisse la trame de lieux géographiques et d'un mental apaisé.

MICHEL DUGUÉ